Au Sénat, le projet de loi d'orientation et de réussite des étudiants a été examiné. Je dénonce le fait que ce projet de loi ne s'intéresse à l'orientation et à la réussite des étudiants que dans son appellation. Il met en place une véritable sélection des étudiants.
Le gouvernement a beau se réclamer de la modernité, il ne fait que mettre en place un des plus vieux fantasmes de la droite : la sélection à l'entrée de l'université. Le groupe socialiste au Sénat a donc voté CONTRE ce projet de loi.
Ce projet de loi organise la possibilité d'opérer une sélection à l'entrée de l'universitédans les filières "tendues".
On nous dit: "Sélectionner les meilleurs, les plus aptes, c'est "moins pire" que le tirage au sort".
Je rétorque: Peut être, mais donner une chance à chacun serait certainement une meilleure solution pour redonner à notre jeunesse confiance en son avenir. La solution retenue pour éviter le tirage au sort va légitimer le rejet de certains jeunes par l'université. La vraie difficulté que rencontre l'enseignement supérieur réside dans l'évolution de son budget : avec l'augmentation massive du nombre d'étudiant, depuis 2008, le budget par étudiant et par an a baissé de 11%.
On nous dit : "Il faut sélectionner, car cela permet d'éviter l'échec". Je rétorque: Il ne faut pas oublier de dire qu'il y a autant d'abandons en cours de première année dans les filières sélectives que dans les filières non sélectives! Bien sûr, il vaut mieux accompagner les jeunes dans la construction de leur projet de formation. Mais ce projet de loi n'apporte aucun moyen pour développer le service public d'orientation.
On nous dit: "Personne ne sera mis à l'écart, ceux qui se verront sans affectation à la fin du processus de Parcoursup pourront se voir proposer une formation "en rapport" avec l'un de leurs dix souhaits initiaux" Je rétorque: "En rapport..." Cette formulation ne garantit en rien la prise en compte de leur souhait, car on peut toujours arguer qu'une licence d'économie est "en rapport" avec une licence de gestion, mais les débouchés professionnels n'ont pas grand chose à voir... et on pourrait multiplier les exemples à l'infini. Ce projet de loi rompt in fine avec le principe de choix de l'étudiant.
On voit donc se profiler dans ce projet de loi toutes les conditions pour une mise en oeuvre progressive d'une sélection généralisée, et d'une mise en concurrence accrue des universités entre elles.
Par ailleurs, ce projet de loi se fonde encore et toujours sur un système de notation qui c(l)asse nos jeunes en permanence sur des bases éminemment subjectives, sans aucun gain pédagogique. En effet, c'est bien sur la base des fameuses et sacro-saintes "moyennes" que les établissements d'enseignement supérieurs vont "trier" les candidats à leurs formations... Alors qu'il est démontré que les différences entre évaluateurs peuvent faire varier une note sur 20 de 5 points !
Le groupe socialiste au Sénat vote donc CONTRE ce projet.